Parler de la mort aux enfants

Comme je vous le disais dans mon précédent article, chacun vit le deuil et fait face à un décès différemment. Pour les enfants il en est de même. Dans cet article, mon vécu avec mes enfants et quelques livres pour les accompagner dans ces moments difficiles…

Annoncer la mort ou non ?

Dire ou ne pas dire à un enfant qu’un proche est mort ? Chez nous, on part du principe qu’il n’est pas bon de cacher aux enfants cela. Depuis qu’ils sont nés, nous avons toujours fait le choix de dire aux enfants ce qu’il en est. Quand un proche est très malade, ou quand il est décédé. Ce n’est pas forcément facile d’aborder le sujet ou d’en parler, mais c’est important qu’ils soient au courant, pour comprendre, pour assimiler. Même bébé, je n’ai pas hésité à expliquer. Nul besoin de rentrer dans les détails… Juste dire, avec des mots simples ce qu’il en est et laisser venir les questions, après, s’il y en a, toujours en répondant de manière simple, adaptée, sans mentir… Même si… ce n’est pas facile de parler de tout cela.

Nos enfants savent ainsi pourquoi papa ou maman sont tristes, pourquoi ils pleurent, que ce n’est pas leur faute, etc. Ils peuvent aussi vivre leur deuil et être tristes… Ou non.

Tristes ou non ?

Comme les adultes, chaque enfant vit la mort différemment. Certains semblent ne pas être touchés, et l’accueillir simplement, souvent les plus petits… D’autres peuvent être très tristes. Les enfants sont différents… Et cela peut dépendre aussi de la relation qu’ils avaient avec la personne décédée, du temps qu’ils l’ont connue, etc…

Quand l’un va pleurer, l’autre va peut-être tout simplement vivre sa vie comme si de rien n’était. Ce n’est pas grave. Il est juste important d’observer et d’écouter, d’être présent à leurs côtés si besoin, car parfois l’assimilation de ce décès se fait à retardement… Ou pas. Il est donc primordial à mes yeux d’être vigilant et de rester attentif, mais aussi d’expliquer si nécessaire au sein d’une fratrie à celui qui remarque que les autres ne semblent pas tristes que chacun réagit différemment et que chacun a le droit de pleurer ou non…

Assister à l’enterrement ou non ?

J’avoue que comme pour tout, chacun ses choix. Lorsque nous pouvons éviter à nos enfants d’assister à un enterrement, nous le faisons, surtout lorsqu’ils sont trop petits ou qu’il s’agit d’une personne éloignée… Pour une personne très proche, je pense notamment à un parent / frère/ soeur / grand-parent… souvent il est difficile de trouver un moyen de faire garder son enfant, les personnes susceptibles de jouer les baby-sitters étant également présentes aux obsèques,  mais surtout, il est important que l’enfant puisse participer, et vivre son deuil. Lorsque cela est possible, je laisse le choix à mes enfants d’être présents ou non, je ne veux pas les forcer à assister à un enterrement. Là, pour ma grand-mère, j’ai essayé de leur laisser le choix. Mais comme évoqué juste avant, difficile de trouver quelqu’un pour les garder le jour J… Heureusement, l’enterrement a eu lieu en extérieur, cela était moins « lourd » à vivre, pas besoin de rester assis sur une chaise ou un banc pendant je ne sais combien de temps. Et cela a aussi permis d’assimiler la nouvelle, tant pour eux, que pour moi, et de nous soutenir ensemble… De dire adieu… Voire même de participer s’ils le souhaitent (dire un mot, jouer de la musique, tenir la main, faire un câlin…).

Voir le corps ou non ?

J’avoue que là, c’est plus délicat. Chaque famille fait comme elle le souhaite, mais en l’occurrence, chez nous, je trouve cela difficile pour un enfant de voir une personne décédée, de voir un corps qu’ils ont connu animé, plein de vie, devenu si froid… Par contre, voir « la boite » (càd : le cercueil… fermé !), pouvoir toucher « la boite » pour dire au revoir, pour comprendre, etc., oui, s’ils en ont envie… Sans les forcer… Ce sont des enfants, il est important qu’ils puissent rester encore des enfants et garder de beaux souvenirs de la personne qui est partie…. Plutôt que de se rappeler à jamais d’un corps sans vie. Enfin, c’est ce que j’imagine… Il est vrai que dans d’autres cultures, la mort est plus facilement acceptée et fait partie de la vie… J’avoue que je n’ai pas « la science infuse » ni les réponses à toutes les questions… Chacun est différent, chaque personne, chaque famille, chaque situation…. Je n’imagine juste pas mes enfants un jour me voir morte, allongée dans un cercueil : pas envie qu’ils gardent de moi cette image froide et détachée s’ils sont encore tout-petits… Je préférerais le cas échéant qu’ils se rappellent des jolis moments…

Et expliquer ?

Comme je vous disais, les enfants n’ont pas forcément besoin de tout savoir dans les moindres détails. Il est important cependant d’essayer de répondre simplement aux questions qu’ils peuvent se poser et donc vous poser. Ils ont besoin de comprendre certaines choses… Cela peut être nouveau, cela est mystérieux, cela peut faire mal, … Mais il faut les écouter, prendre sur soi, et essayer de leur dire les choses avec des mots simples, adaptés à leur âge et à leur questionnement. C’est normal d’avoir des questions, de vouloir essayer de comprendre, etc… Les questions peuvent venir tout de suite, ou pendant l’enterrement, ou plus tard…. D’où l’importance de rester attentif et de signaler ce genre d’événement dans la vie de l’enfant au corps enseignant ou autre… Car oui, les questions ou le contrecoup de la mort d’un être cher peuvent arriver plus tard, à la maison, à l’école ou ailleurs…

Quels livres pour expliquer, pour accompagner ?

Pas besoin de sortir un livre de sciences pour des enfants… Mais pendant la période de deuil, de jolies histoires peuvent permettre d’aborder le sujet de la mort et ainsi éventuellement permettre à l’enfant de poser les questions qu’il a en tête, de dire les choses qu’il a sur le coeur ou tout simplement de comprendre ce qu’il se passe autour de lui… En voici 3 qui nous ont accompagnés dans ces moments douloureux :

livres enfant deuil mort

  • Mamie est partie, un joli livre que je vous avais présenté dans cet article. de Pog et Lilie la Baleine, aux éditions  Gautier Languereau
  • Lucie est partie, de Sébastien Loth aux éditions Mijade. Une jolie histoire où le personnage part à la recherche de son amie qui est partie… Jusqu’à ce qu’elle comprenne… Mais il reste les rêves et les souvenirs…
  • Au revoir Blaireau, de Susan Varley aux éditions  Gallimard Jeunesse. Un livre dans lequel un jour, Blaireau, ne sort pas de chez lui un matin. Ses amis se rassemblent. Il va falloir qu’ils s’habituent à son absence… Se rappelant des souvenirs… Et leur ami restant dans leur coeur. Un livre réconfortant où malgré la mort, le personnage continue à vivre dans la mémoire de ceux qui l’ont côtoyé et aimé.

Un dessin animé pour évoquer la mort ?

Le dessin animé, Coco, de Disney, est également un beau moyen d’aborder la mort … Ce film nous a beaucoup touché, car il permet d’envisager l’après-vie d’une jolie manière, mais également d’imaginer mettre en place, chez soi, un hôtel des souvenirs avec des photos / objets des personnes disparues, chères à nos coeurs, afin de se rappeler de nos ancêtres.

Evidemment cet article n’a pas pour vocation de vous imposer quoi que ce soit. Libre à chacun de faire en fonction de ses valeurs, ses convictions, ses croyances, ses choix… D’ailleurs, qu’en est il pour vous ? N’hésitez pas à partager votre expérience, vos conseils ou des noms de livres ou autres susceptibles d’aider les parents à accompagner un enfant face au sujet délicat de la mort…

 

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7 réflexions sur “Parler de la mort aux enfants

  1. C’est vraiment un article très intéressant qui traite un sujet profond. Personnellement j’ai perdu mon papa il y a 10 ans et l’autre jour mon fils voulait jouer avec une voiture de collection qui provient de mon papa alors je lui ai expliqué que cette voiture là on ne pouvait pas jouer avec car c’était un souvenir. Ensuite il a fallu expliquer toute l’histoire… en étant prise au dépourvu donc pas le temps de réfléchir à comment s’y prendre…
    Donc je trouve cet article très intéressant et qui permet de se poser les questions pour le jour où…
    Merci pour votre travail

    • Bonjour,
      merci beaucoup ! Cela me touche… J’espère avoir pu vous apporter quelquechose… C’est toujours délicat d’aborder ce sujet… On n’a pas envie, on n’a pas la force, on ne sait pas comment s’y prendre, on ne sait pas par où commencer… Et ce n’est jamais le bon moment…
      Avez vous su trouver les mots pour en parler à votre fils ? Et lui, qu’a-t-il compris ?
      D’ailleurs, quel âge a-t-il ?
      Belle journée !

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