Faire les valises, embarquer les enfants dans un avion et partir à l’autre bout du monde… Certains en rêvent… D’autres le font !!! Facile à faire ou non ? Bonne question ! Et après… ? J’ai donc interviewé Sandrine qui a franchit le cap en famille il y a presque un an…
Bonjour et merci d’avance pour cette interview !!! Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter vous et votre famille ?
Bonjour ! Merci d’avoir pensé à moi pour l’interview, ça me fait super plaisir de partager ma petite expérience ! Pour ma petite présentation, je suis maman de 34 ans, j’ai trois enfants : Sarah 8 ans, Mathis 5 ans et Nathan 2 ans. J’ai vécu à Lyon pendant 15 ans et il y a 9 mois, on a quitté notre petit cocon pour une nouvelle aventure.
Vous vivez aujourd’hui en Australie, mais pouvez-vous nous dire pourquoi vous êtes partis ? Comment cela s’est passé notamment au niveau organisation, déménagement etc. ?
Avec mon mari on a eu l’immense chance de pouvoir passer un an aux Etats Unis pendant nos études. Depuis mon mari a toujours voulu bouger, s’installer ailleurs. Il y a 10 ans j’étais un peu réticente… Partir si loin de ma famille, de mes amies, de mon pays. Et puis il y a 3 ans, on est parti trois semaines en road trip avec mes deux ainés (et enceinte du troisième) sur la côte Est des Etats Unis. Et là, je me suis dit, pourquoi pas nous finalement ?
Je pense qu’on a un peu été encouragé par l’ambiance plutôt pessimiste qui régnait en France, et pas mal événements, tant professionnels que de tous les jours qui m’ont fait dire que la vie future de nos enfants serait peut-être meilleure ailleurs.
Mon mari a cherché pendant 3 ans donc, et le pays que nous visions était trop dur à atteindre. Il a eu une opportunité pour l’Australie par l’intermédiaire de son boulot. On a foncé. Le voilà avec un beau contrat de travail australien !
Tout s’est passé très vite. En 2 semaines il savait qu’il avait décroché le poste et qu’ils le voulaient dans le mois. La paperasse pour le visa Sponsorship a été super rapide. Il est parti très vite. Il a fallu organiser le déménagement à l’international, décider de ce qu’on emmenait ou pas, vendre, vider la maison. Je me suis retrouvée 3 mois seule avec les enfants. On voulait vraiment qu’ils aient le temps de voir la transition se faire. Je voulais qu’on dise au revoir correctement aux familles, aux amis. Ils ont attaqué leur année scolaire 2015/2016 en France.
Il a fallu gérer tout l’aspect administratif, résilier tous nos contrats et ce n’a pas été le plus simple. On a eu des péripéties pas drôles avec la sécurité sociale notamment. Mais il faut bien une première fois ! On trouve sur le net des bons plannings de TOUTES les choses à faire avant un tel déménagement.
J’ai eu de la chance d’avoir des amies qui m’ont beaucoup aidée, notamment pour vider l’appartement qu’on louait et le rendre nickel pour l’état des lieux.
Mon mari de son côté nous a préparé un petit nid douillet pour notre arrivée, il a tout géré en Australie.
Que ce soit les enfants, vous ou votre mari, l’adaptation et les changements n’ont pas été trop difficiles ?
Je pense qu’on a eu de la chance d’atterrir à Sydney. Je suis folle amoureuse de cette ville où il fait vraiment super bon vivre et qui est magnifique.
Mais, mon arrivée à Sydney a été… plutôt difficile. On a choisi de quitter la France, la famille, les amis, le quotidien, tous nos repères. Je suis arrivée là-bas, épuisée, j’avais eu des problèmes de santé avant de partir, beaucoup de stress à ce niveau-là, et je me suis souvent demandée ce qu’on faisait là, si loin de tout, à l’autre bout de la Terre. Pourquoi on avait déraciné les enfants. C’était notre pensée quotidienne, qu’a-t-on fait aux enfants ? Mais au final, les enfants sont comme on nous l’avait dit, ils s’adaptent plus vite que nous.
Pour eux, cela a été dur de ne plus voir leurs copains français, surtout au début, de se dire que c’était pour toujours, qu’ils n’iraient plus jamais dans leur ancienne école, de ne plus voir les grands parents (en vrai, car on Skype). Cela a pris plusieurs mois. Après, mes trois enfants n’ont pas réagi de la même manière non plus. Ils sont tous différents. Mon 5 ans a beaucoup pleuré tous les soirs pendant plusieurs semaines. Mon 2 ans a refusé sa chambre et a été totalement collé à moi pendant plus d’1 mois et ma 8 ans n’a pas montré de suite mais a fini par craquer à un moment.
Je pense aussi qu’on a été chanceux d’arriver en été (bon ok à Sydney l’été c’est 8 mois sur 12), cela a quand même facilité la transition. On a pu découvrir Sydney comme des touristes d’abord pour entrer dans notre train train ensuite. On a rencontré des kangourous, des koalas, des wombats et cela a fait du bien aux enfants.
Le premier Noel (2 mois après notre arrivée) a été super dur. Seuls, en plein été, autres traditions ici. C’était un peu tristounet. Mais le père Noel est quand même passé (en maillot) !
Au bout de quatre mois, j’ai commencé à me sentir mieux, les enfants aussi. Je pense que la transition était faite.
Je me suis mise à penser que je serai triste de quitter Sydney et les enfants ont commencé à me dire qu’ils ne voulaient plus partir non plus.
Ma famille me manque toujours surtout qu’on ne rentrera les voir que dans 1 an. Mais on se sent bien maintenant ici. C’est notre chez nous.
Comment cela se passe niveau école ?
Quand on a atterri à Sydney, Sarah avait attaqué son CE2, Mathis entrait en GS. Nathan devait attaquer la Petite Section en septembre 2017.
Les années scolaires en Australie vont de mi janvier de l’année N à mi décembre de l’année N. Les enfants, pour entrer à l’école, doivent avoir 5 ans au 31 juillet de l’année N. Ils rentrent en Kindergarten.
On a mis Sarah à l’Ecole Française de Sydney pendant 4 mois (normalement elle devait juste finir l’année scolaire française). Mais on a fini par la changer pour qu’elle intègre l’école Australienne en Year3 (équivalent CE2). On va dire qu’on (elle) n’a pas été super convaincue par la manière dont l’école prenait en charge les enfants multi Dys. Et qu’on a voulu tenter la méthode anglo saxonne plus tôt que prévu.
Mathis n’a pas été scolarisé pendant 3 mois et est entré en Kindergarten de l’école Australienne directement. Directement tout en anglais.
On a été épaté par la capacité des enfants à intégrer une langue, la comprendre puis la parler. La pédagogie ici est différente de la pédagogie française. Tout est basé sur l’épanouissement de l’enfant, que l’enfant se sente bien à l’école, ait confiance en lui. Il y a des cours d’ESL (English Second Language) pour les débutants (Sarah y participe). Ils fonctionnent beaucoup avec des tampons, rubans puis certificats pour les encourager. Tous les efforts sont soulignés, et on laisse le temps aux enfants d’apprendre à leur rythme. Ils sont moins « cadrés » que dans les écoles françaises. Ils passent peu de temps assis à table, travaillent beaucoup en projets, sur le tapis. Ils dansent, font du yoga, de la musique et font même des jeux en classe (même en Year3). Ma fille a même eu un cours de photographie ! Ils ont très peu de devoirs. Ils ont une assembly toutes les semaines. On leur apprend à parler au micro devant toutes les classes présentes, on leur apprend à être respectueux des enfants qui présentent. Ils chantent l’hymne australien aux assembly, et l’hymne de l’école.
Ah et j’oubliais ils portent tous un uniforme !Les enfants sont vraiment ravis de l’école australienne. Ils apprennent plein de choses différentes, et ils apprennent aussi une autre langue en plus de l’anglais (grec ou chinois dans l’école des enfants).
De mon côté, je ne sais pas si la méthode est mieux ou moins bien, je pense que si on se fixe sur le programme de CE2, Sarah est en avance en maths par exemple. Mais ils travaillent beaucoup sur la faune, la flore et l’art. C’est différent… Pour l’instant je me dis que le plus important est qu’ils aient le gout de l’école et qu’ils progressent en anglais ! Cela me fait un peu bizarre que Nathan n’aille pas à l’école l’an prochain mais dans… 3 ans, mais ici cela fonctionne comme ça et il y a des playgroups, des tonnes d’activités pour les tout petits.
De mon coté, je leur fais faire des cahiers du soir en français, pour qu’ils gardent un niveau de français correct.
Au niveau des enfants, comment cela se passe en Australie ? Y a-t-il des choses vraiment différentes par rapport à la France ? (niveau éducation, accueil dans les lieux publics, les restaurants, autre)
Sydney est incontestablement une ville pour les enfants. Les musées sont souvent gratuits pour les enfants, et il y a souvent des livrets chasses au trésor ou même des kid zone où ils peuvent jouer. Il y a des parcs de jeux un peu partout et on me regarde toujours avec un grand sourire quand je me ballade avec mes trois enfants.
Les gens sont très respectueux des parents avec enfants (en poussette ou pas) dans les transports publics par exemple. On me laisse monter en premier dans le bus, on me laisse une place pour la poussette et les enfants.
Il y a des toilettes pram friendly quasi partout. Pas la peine de prendre bébé sur les genoux car la poussette ne rentre pas dans les toilettes. On trouve aussi des tables à langer partout ainsi que des family room dans tous les centres commerciaux et lieux publics. Les mamans peuvent allaiter tranquillement dans un fauteuil derrière un rideau si elles veulent être au calme. Mais elles allaitent aussi n’importe où. Ici tout le monde s’en fiche. Il n’y a pas de regards inquisiteurs que ce soit sur l’allaitement, le biberon, les tenues vestimentaires, la couleur des cheveux, on ne juge pas (ou moins ?).
En général dans les magasins cela marche sur la confiance. On rentre avec tous nos sacs et on ne nous suit pas partout dans les musées d’art quand on a des enfants. A nous de respecter les règles !
Pour l’éducation, j’ai un peu l’impression qu’à Sydney, les parents sont très branchés éducation positive / bienveillante. On ne risque pas de donner une fessée en public ni de lever la voix.
Un autre truc qui nous marque (à Sydney, car à Melbourne c’était différent), c’est la cigarette. Peu de gens fument. Et il est interdit de fumer près des écoles, des arrêts de bus, des restaurants. Il y a de grandes zones d’interdiction. Quand une personne qui fume voit des enfants, elle s’éloigne ou cache sa cigarette. Encore une fois, c’est peut être typique à Sydney.
Aujourd’hui, en tant qu’expat et surtout que parents, avez-vous des regrets ? Des choses que vous auriez faites différemment ? Envie de revenir en France (ou partir ailleurs) ? Des choses que vous trouvez tops là-bas ou au contraire des choses qui vous manquent par exemple ?
Sans aucun doute, si c’était à refaire, on le referait. On est amoureux de Sydney, de notre vie ici, calme et paisible, de l’ambiance qui y règne, des opportunités professionnelles qu’on peut avoir, du positivisme des habitants, de la sécurité qu’on ressent quand on sort, du cosmopolysme de Sydney. On se rend compte de la chance énorme qu’on a de faire vivre cette aventure aux enfants, de leur faire apprendre l’anglais de la meilleure manière qui soit.
Je pense qu’on partirait surement en même temps avec mon mari si on choisissait. Même si au début c’est le camping.
On ne veut pas revenir en France. J’ai toujours dit que si on partait, ça serait pour toujours ou presque. J’ai entendu qu’il y a un cap des 10 ans à passer. Que généralement au bout de 10 ans on rentre. On verra du coup !
On aimerait rester en Australie au moins 4 ou 5 ans, puis on refera un point.
D’un point de vue personnel et au vu de mes soucis de santé, on aimerait bien retenter les Etats Unis où ils ont vraiment de bons spécialistes.Je dirai que la seule chose qui nous manque (à part la famille) est LE PAIN ! (ok le pain a un prix raisonnable)… et peut être le fromage et la charcuterie. Mais bon… Quand on va si loin on sait bien qu’on ne pourra pas trouver exactement la même nourriture. Mais on se nourrit presque comme en France quand même !
Avez-vous des conseils pour ceux qui envisagent de partir vivre à l’étranger ?
Je pense qu’il faut se faire confiance, si on a l’occasion, qu’on y a dejà réfléchi, qu’on a envie, il faut foncer. Le retour en arrière est toujours possible. On ne vit qu’une fois. Je pense qu’il faut aussi se dire qu’on vit des choses merveilleuses quand on tente l’aventure, que nos enfants en ressortent grandis, plus riches, plus ouverts. Je trouve aussi que cela nous a soudés au sein de notre cocon familial. On fait des découvertes merveilleuses chaque jour et on est vraiment heureux. Chaque histoire est différente, mais mérite d’être vécue.
Et pour ceux qui souhaitent faire un séjour en Australie ? Des choses incontournables ? Des choses à prévoir ? etc.?
Pour l’instant, on n’a pas encore été assez courageux pour aller se balader en Van dans l’Outback Australien. On a encore un peu peur des bêbêtes très dangereuses qu’on y trouve et on n’a pas eu le temps non plus. Par contre, on commence à avoir bien visité Sydney et c’est une ville incontournable, la baie est simplement magnifique, l’Opéra, les plages, les Musées, les parcs magnifiques. On a aussi visité Melbourne, qui est un peu différente, intéressante mais qui est un peu plus « européenne ». Notre prochaine visite sera Canberra, la capitale.
Je dirai que l’indispensable en Australie est de penser protection solaire. En été il fait très chaud (on a atteint 45,8° cette année). Le soleil tape très fort et brûle très vite. Mais avec une bonne protection, on peut visiter sans problème.
Les maisons sont généralement très mal isolées, il fait très froid l’hiver (plus que dehors la jourée parfois et très chaud l’été).
Il faut penser à reconnaitre les méchantes araignées et les méchants serpents et savoir comment réagir. Apparemment on peut se fournir de l’antipoison en pharmacie. Mais bon, on n’a jamais vu la fameuse Funnel Spider Web en ville encore (et tant mieux !).
Peut-on suivre vos aventures ou vous contacter ?
J’ai fait un blog (à destination familiale et pour les amis), mais j’y raconte (beaucoup) de nos aventures. N’hésitez pas à y jeter un œil : enfamilleenaustralie.blogspot.fr
J’ai une page Fb aussi https://www.facebook.com/enfamilleenaustralie/?fref=ts
Sandrine a même été interviewé depuis pour l’émission les maternelles, voici quelques vidéos :
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